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Le #11- Mai 2004


 
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Par auteur
 
 

Donald Goines, ou l’histoire et les polars d’un maquereau braqueur de banques de Detroit, USA.

Noir, c’est noir

Bienvenue dans les ruelles glauques de la téci. Voilà comment démarrent la plupart des bouquins de Goines. C’est du roman noir, dans tous les sens du terme, sur la face glauque des Etats-Unis, sa violence inhérente aux ghettos où sont parqués les descendants des esclaves.
Goines a grandi dans cet univers. Seul bémol : son teint café au lait a fait de lui un apatride, entre deux communautés, à jamais rejeté… ou le sort maudit des métis.
C’est le genre de détail qui marque une écriture. C’est aussi là que l’on remarque les omissions qui sont autant de manières de rappeler que la littérature est, pour une grande part, un loisir et un fait d’individus blancs. Parce que Goines ne se contente pas, dans la description de ses personnages, de préciser la couleur de l’individu quand celui-ci est noir ou basané. Il la précise aussi quand le personnage est blanc… La littérature aussi peut être teintée d’un ethnocentrisme qui flirte avec un paternalisme très « oncle tom », bref, très « régis-hutin » de Ouest-France. C’est à ce genre de détail qu’il faut se souvenir que les puissants, les dominants, ne ressentent jamais l’obligation de se dénominer. Normal, ils se prétendent universels.
« Je n’avais pas encore 18 ans et les prostituées étaient les seules femmes que j’avais connues. (...) Selon moi il y avait deux sortes de gens: la première était faite de michetons, l’autre de macs, et je savais que j’étais né pour faire le mac.»

Titres traduits en français
L’accro
Enfant de Putain
Ne mourez jamais seul
Daddy Cool
Street Players
Justice Blanche, Misère Noire
Cycle Gang Lord Kenyatta :
Truands and Co.
Vendeurs de mort
La Cavale de Kenyatta

Enfermé dans cent mètres carrés

Les romans de Goines sont centrés autour du ghetto. Les héros sont des individus, qui grâce à la débrouille, le deal, grâce à leur écurie de putes, ont les conditions financières suffisantes pour sortir du quartier mal famé. Ils le peuvent, mais dans tout ces livres, le ghetto et sa violence intrinsèque les rattrapent, le racisme latent de la société américaine les renvoient à jamais à une seule condition. C’est la manière pour Goines d’expliquer qu’avoir de l’argent ne suffit pas pour sortir de ces coins exclus du système financier international. Le noir semble condamné à subir une barrière invisible, un mur infranchissable qui l’empêchera de traverser les rues bordées de géraniums en fleurs qui délimitent les quartiers blancs des cités.

Putes et dope

C’est peut-être « Daddy Cool » qui exprime le mieux cette malédiction. Daddy Cool est un tueur qui ne travaille qu’au surin, il a une salle de billard, de la thune à profusion. Mais il a beau être blindé de fric, il ne pourra empêcher ses deux gosses de plonger dans des plans foireux de cambriole, il ne pourra empêcher son unique fille chérie de finir sur le trottoir sous la coupe cynique d’un mac.
Dans le ghetto, y’a deux trucs omniprésents : les putes et la horse. Pour les putes, il faut se plonger dans « Enfant de Putain ». Whoreson, fils de prostituée, n’a pas de problèmes d’orientation. A 6 ans, c’est décidé, il sera mac. Et sa mère est décidée à lui donner toutes les ficelles du métier… « L’accro » raconte le destin de Teddy et Terry. Teddy n’a pas de thunes pour se payer de la chnouf alors il s’arrange pour rendre Terry accro et la balance dans les pattes d’un dealer pervers qui échange l’héroïne contre des parties avec ses chiens. La fille commence le livre avec un taf, une bonne situation, des parents aimants, elle le finit dans un motel.
« J’vais me payer des bagues en diamant et avoir le meilleur de tout. J’vais maquer des putains. »