burn val burn!!!  
 
index points de vente propagande le crew les anciens numéros les liens le livre d'or
 
  les archives  
 

Le #15- Juillet 2005


Chronique de la frite


 
Les autres articles du #15

Par auteur
 
 

Chronique de la Frite

Jacquerie en hôtellerie (de plein air) Des cadavres gisent à terre. Ici et là, d’autres victimes jonchent le champ de bataille. Des étuis sont restés à l’abandon, leur guerriers propriétaires partis, peut être à jamais, vers d’autres terrains de gloire. Il est un peu plus de 23h00 et l’esprit est envahi par la prose nationale-napoléonienne de notre nouveau bossu au sang bleu cette fois-là, Galouzeau de Villepin. Il est 23h00 passées et on vient de chasser les derniers clients du fast-food, les poussant à l’extérieur, fermant à double tour toutes les issues, alors que de nouvelles cohortes de consommateurs tapent frénétiquement sur les vitres, quémandant ici une Frite, ici une pizza, trépignant, hurlant, exhibant leur argent comme autant de passe-droits.
Que la Frite soit avec toi Des mouches mortes parsèment le sol, les Frites sont éparpillées dans toute la salle, des restes d’emballage couronnent le tout. Le coin à sauces montre un spectacle affligeant : du ketchup sur les murs, de la moutarde par terre, les doseurs badigeonnés de toutes ces sauces ultra-sucrées. On pourrait soupirer d’amertume et de dépit s’il s’agissait de gamins, mais non : c’est juste le coup de feu qui est passé, l’heure du rush des consommateurs, plein de gens très propres une fois chez eux. Question : entre la préparation de la bouffe et leur ingurgitation, qui le fait de la manière la plus crade ? Entre une nourriture composée à 90% d’huile de friture et une consommation qui vire à l’hystérie buccale, où se cacherait mal l’abject ?
Hush-hush’s wet dream Le monde de la Frite est impitoyable, concept total où consommation et préparation sont corrélées implacablement. Pour un peu on en deviendrait anorexique, spectacle perpétuel d’une mauvaise pornographie alimentaire obscène. Entendons-nous bien : autant regarder sa chère et tendre enfourner délicatement avec ses doigts des parcelles de plaisir à s’en lécher les ongles et les babines est jouissif et fantasmatique, autant devoir supporter le spectacle dégueulasse de sa copine se goinfrant au fast-food est un motif de rupture en soi. Manger peut être plus sale que chier.
RAZ : Remise A Zéro – Dans tout les sens du terme Il est 23h00 et les portes sont fermées. Après les deux-trois conneries d’usage - étiquetage des produits soi-disants pas périmés, balançage des invendus dans des frigos asthmatiques – on va chercher le tuyau d’arrosage, relié au bactéricide. Puis, pour faire du passé table rase, avec l’air rédempteur des chevaliers de l’apocalypse, viendra le temps de l’éradication de toute forme de vie dans ce milieu honni. La bouche d’évacuation se rempli de Frites mortes et d’un mélange ketchup-mayo. Derrière la puissance du jet continu, l’espace resplendit, odeur fraîche et étincelante. Tous les soirs, on ressuscite le fast-food après l’enfer de l’après-midi. Les businessman de la Frite, c’est-à-dire les ouvriers en production-préparation, se prennent un peu pour des Jésus-Christ, à force d’expier les péchés des consommateurs patentés. C’est pas pour ça qu’ils vireraient cathos : ils laisseront ça aux socialos.